Les aventures d’Anita C. – Episode 1 : Le vélo, Chris LA

Laissez-moi vous conter les aventures ou devrais-je dire les mésaventures d’Anita C. Une héroïne pas comme les autres.

Comment vous dire ? Anita C. est une jeune femme ordinaire qui avait le vilain défaut de manquer de confiance en elle. Cela lui valait à intervalles réguliers de vivre des situations plutôt inattendues pour ne pas dire inhabituelles.

A l’âge de 8 ans notre jeune Anita C. avait entrepris de faire du vélo de façon très appliquée… Son sérieux n’avait d’égal que la minutie avec laquelle elle parcourait les rues de son quartier, en prenant grand soin de respecter le sens de la circulation.

Mais ce fameux dimanche après-midi si tendrement ensoleillé, lui réservait des souvenirs peu ordinaires.

Sa grande sœur – Maria T. – l’observait du coin de l’œil, tout en s’amusant discrètement de sa jeune sœur qui avait fait d’un loisir aussi banal que le vélo, une discipline si rigoureuse. C’est donc tout naturellement qu’une idée aussi soudaine que malheureuse, lui germa en tête afin d’éprouver le sang froid de sa petite sœur « chérie ».

Voyez-vous, la famille d’Anita C. habitait une jolie petite maison située dans une cour avec quelques arbres fruitiers, ici et là, dont l’accès demandait de traverser un pont en bois suffisamment large pour qu’une voiture puisse passer avec aisance. Détail essentiel pour la suite de notre histoire…

Sous ce petit pont s’écoulait ou plutôt stagnait une eau épaisse d’un noir verdâtre, habitée par divers débris arrivés là sans doute par l’affluence des eaux de pluies et l’évacuation de quelques eaux usées du voisinage.

Notre douce Anita C. ne se doutant pas des intentions de sa grande sœur poursuivait tranquillement sa pratique du vélo. Très contente d’elle-même, elle décida d’entreprendre la traverser du fameux pont, unique accès donnant à sa maison afin de faire une petite pause bien méritée.

Très concentrée, Anita C. réduisait sa vitesse, se rapprochait du bas-côté et débutait son entrée sur le pont où sa grande sœur l’attendait avec un large sourire. Anita C. souriait également quand soudain elle se mit à paniquer lorsque sa sœur se plaça brusquement au milieu du pont, les bras grands ouvert, lui barrant ainsi le passage.

Dans la tête d’Anita C. tout se bousculait. Que faire ? Comment réagir ? Comment surtout éviter d’entrer en collision avec sa sœur ? Anita C… tu es sérieuse là !?

Perdue dans ses pensées, c’est alors que notre jeune Anita C. pris une décision lourde de conséquence surtout pour elle.

N’écoutant que son cœur, Anita C. face au blocus souriant de sa grande sœur, orienta le guidon de son vélo vers la gauche et finit sa course – oh, surprise ! –  dans le canal peu profond aux eaux peu ragoûtantes.

Ah ! Au fait, j’avais oublié de vous dire le petit détail qui a toute son importance dans notre histoire. En fait, le vélo d’Anita C. n’avait pas de freins. Ce dernier avait été offert par un voisin qui voulait s’en débarrasser.

Vous savez dans ces moments-là et comme par magie, apparaît tout le voisinage sorti comme attiré par une énergie mystérieuse qui signale que quelque chose de burlesque est en train de se jouer. Ou peut-être aussi que toutes les personnes aux alentours avaient accouru suite aux cris paniqués d’Anita C. lors de sa mémorable chute. Pourtant, Anita C. ne se souvenait pas avoir crié…

Que dire ? Vous savez lorsque votre plus grand cauchemar se réalise et que vous êtes seul au milieu de tous ? Eh bien, c’était à peu de chose près la réalité d’Anita C. qui à cet instant n’écoutant que ce qui lui restait de dignité, se redressa d’un bond du vélo plongé à la renverse dans le canal afin de courir se réfugier loin des rires qui l’entouraient, tout en se plaignant de l’acte inconsidéré de sa grande-sœur – elle-même se demandait encore comment elle avait fait pour atterrir là ? Entre-nous, en vol plané !

Sa mère qui sortait de la maison à ce moment-là, voyant l’état de sa fille encrassé par des effluves dont elle devinait la provenance, ne put s’empêcher d’éclater de rire… Oui, elle aussi. Cette dernière, tout en cherchant sa respiration à force de se plier de rire, dirigeait sa fille vers la salle de bain – ou plutôt devrais-je dire – Anita C. voyant que sa mère ne lui était d’aucune utilité se dirigea d’elle-même vers la salle bain, se déshabilla en quatrième – que dis-je – cinquième vitesse tout en demandant à sa mère d’arrêter de se moquer d’elle… C’est vrai quoi ! Elle était quand même sa fille – mais même Anita C. ne pouvait s’empêcher de rire tout en se plaignant de l’attitude de sa « méchante » sœur.

Un voisin qui au moment de la chute passait par là, après lui aussi avoir cédé au comique de la scène par des rires incontrôlés, pris de compassion pour la jeune Anita C. décida d’aller récupérer le vélo qu’elle avait abandonné dans le canal.

Lorsqu’Anita C. sortie de sa douche, quelle ne fut donc pas sa surprise de retrouver un vélo propre dans la cour de sa maison. En effet, sa grande-sœur redoutant les foudres de leur mère avait entrepris le nettoyage de l’objet.

Comme quoi, il y a quand même une justice dans cette histoire.

Quand je vous disais qu’Anita C. était du genre à vivre de drôle d’aventures.

A bientôt.

 

Chris LA

Auteur Guyanais