Sayanns

Pou vwayajé toujou plis adan sa ki ka fè Nou

Elise se souvient, Chris LA

Ce matin-là, sur le bord de la route, Elise était en plein footing. L’énergie qu’elle déployait, laissait percevoir son mal-être. Plusieurs pensées se bousculaient en elle. Alors, elle s’arrêta de courir et commença à reprendre son souffle, lentement. Petit à petit, elle retrouva son calme intérieur et décida de mettre fin dès aujourd’hui, à la « comédie » imaginée par sa meilleure amie, Adèle. Sa décision prise, elle retrouva le sourire et rebroussa chemin, la tête plus légère. Cependant, une fois chez elle, Elise comprit que sa décision serait difficile à mettre en œuvre, ce qui lui donna une migraine qui finit de l’achever.

***

Sans savoir par où commencer, Adèle regardait autour d’elle et dut se rendre à l’évidence. Sa valise n’était pas encore prête et Elise risquait d’arriver à tout moment. Sachant qu’elle ne finirait pas à l’heure convenue pour se rendre à l’aéroport, Adèle s’octroya une pause – glace au chocolat – pour évacuer son stress. Pressée de savourer sa première bouchée, elle fut interrompue par la sonnette de la porte d’entrée. Cuillère en bouche, elle alla ouvrir et trouva Elise le visage froissé, ses doigts massant ses tempes.

– Quand vas-tu enfin changer cette sonnette infernale ? Tu peux me le dire, demanda-t-elle.

– Bonjour Elise, lança Adèle en l’invitant à entrer tout en se dirigeant vers la cuisine. Ravie de te voir, moi aussi. Tu veux une glace au chocolat ou un verre, ça t’aidera peut-être à aller mieux, proposa-t-elle. Voyant que son amie ne disait rien, Adèle entreprit de poursuivre sur sa lancée.

– Je sais que tu vas te fâcher mais je n’ai toujours pas terminé ma valise. Tu vas encore me trouver irresponsable et bien des choses mais épargne-moi un peu aujourd’hui, lâcha Adèle d’un trait. Observant que son amie restait assise les yeux dans le vague, Adèle commença à s’inquiéter.

– Elise, tu m’entends ? Elise, quelque chose ne va pas ? insista Adèle sans réponse de son amie qui restait obstinément clouée sur place dans un silence profond.

– Là, tu commences vraiment à me faire flipper. Vas-y, dis-moi quelque chose. Même si c’est pour m’engueuler, ajouta Adèle lorsque très lentement, Elise regarda son amie, droit dans les yeux et lui avoua dans un souffle.

– Adèle, je ne pars plus avec toi. J’ai pris ma décision et elle est irrévocable. Je suis désolée.

– Quoi !? s’écria Adèle. Mais, tu ne peux pas me faire ça. J’admets que je ne suis pas facile à vivre mais tu sais bien que je dépends de toi. Je t’en prie ne me fais pas ça, je t’en supplie, implora une Adèle désespérée.

– Je suis désolée, commença Elise. Mais pour moi cette « comédie » a assez duré. Tu dois faire face à tes parents et leur dire la vérité. Comment peux-tu leurs mentir aussi calmement et me demander à moi ta meilleure amie de cautionner tout ça ? l’interrogea-t-elle en se levant de sa chaise pour lui faire face.

– C’est justement aux meilleures amies que l’on demande ce genre de chose, rétorqua Adèle. Or, toi tu es en train de me laisser tomber alors que j’ai besoin de toi, poursuivit-elle sur un ton désemparé.

– Je te promets que cette fois-ci c’est la dernière fois, insista Adèle. Je t’en prie ne me laisse pas tomber. Elise, je te le demande comme une faveur, dit la jeune femme en lui prenant la main. Après ça, je ne te ferai plus passer pour ma petite amie aux yeux de mes parents. Tu sais bien que je n’ai aucune envie de me marier avec leur Dylan ou un autre mais ils n’entendent rien. C’est tout ce que j’ai trouvé pour gagner du temps et avoir la paix, avoua-t-elle en dernier recours.

– Si tu me promets que c’est la dernière fois… j’accepte de t’aider, dit Elise vaincue par la détresse de son amie et démoralisée par ce revirement de situation.

– Aaaaaah ! Merci, merci, merci, merci… sautilla Adèle avec son plus beau sourire. Je vais préparer ma valise et j’arrive tout de suite.

Après le départ d’Adèle dans sa chambre, Elise se demanda pourquoi elle avait accepté quelques mois plus tôt, de jouer le rôle imaginé par cette dernière. Plus elle reportait l’échéance d’une fin à tout ça, plus il serait difficile pour elle d’en sortir. Il fallait qu’elle trouve un moyen de mettre Adèle face à ses responsabilités sans pour autant risquer le « drame ».

Un peu lassée par la situation, elle quitta la cuisine et alla s’installer près de la fenêtre. En regardant au dehors, tout lui revint en mémoire. Ses recherches afin de trouver quelqu’un qui lui corresponde, ses échecs et ce fameux après-midi dans un parc, ensoleillé comme elle ne s’y attendait pas.

 

***

C’était il y a quatre mois. Elise était assise à la table d’un Café restaurant face à un jeune homme rencontré sur le net, Bob. Ils avaient pris le temps de discuter ensemble avant de se fixer un rendez-vous. Mais très vite, Elise avait pris conscience de tout ce qui les séparaient. C’est ainsi qu’elle avait fini par lui dire avec assurance :

– Je vais suivre la petite voix qui me dit de passer mon chemin.

Elle s’était levée, l’avait remercié et avait quitté le café en laissant un Bob perplexe. Elle marchait sans trop savoir où aller lorsqu’elle arriva dans un parc, trouva un banc où se poser et respirer avant de repartir. Quand soudain, un jeune homme était entré dans son monde tel un silencieux rayon de soleil. Elise s’en souvenait comme si c’était hier, de cette rencontre, de ce parc, de cet inconnu qui l’avait conduite dans le secret d’une intimité où deux corps enlacés vibraient à l’unisson.

Elle n’a jamais vraiment su ce qui s’était passé en elle mais elle avait juste eu envie de vivre ce moment avec lui et c’est ce qu’elle lui avait dit, sa main dans la sienne.

 

***

Un peu troublé, le jeune homme agissait de manière à garder sous contrôle ses pensées et émotions.

« Elle est jolie mais silencieuse. J’aime le pincement de ses lèvres, ses mains sur moi. Quel âge a-t-elle ? Pourquoi garde-t-elle les yeux obstinément fermés ? A-t-elle peur de se dévoiler dans mes bras ? Elle me guide et me rend fébrile mais je ne peux pas, pas encore » pensait-il.

Doucement, il se mit à l’embrasser au creux du cou, cherchant une oreille puis un sein. Il y mettait tellement d’ardeur que bientôt, elle laissa échapper un gémissement de plaisir. Dès cet instant, il eut confiance en ses gestes et finit d’entrainer Elise dans son monde. A chaque soupir, il s’enivrait de sa féminité. Sa langue savourant avec gourmandise sa peau, un peu comme si dans ses bras, elle était la plus délicieuse des femmes. Etroitement enlacés, la pièce jadis silencieuse vibrait de leurs murmures extatiques. Il posa sa main sur sa joue tout en faisant corps avec elle profondément et elle ouvrit les yeux, la bouche légèrement ouverte comme pour un premier souffle.

« Enfin, je vois tes yeux. Tes yeux si envoutants » se dit-il intérieurement.

Elise le regardait langoureusement et semblait lui avouer des choses.

« J’ai envie de te dire… J’ai envie d’être… Je suis… ».

Soudain, elle renversa la tête en arrière et son corps fut pris d’intenses vibrations. Elle ne respirait plus, n’était plus. Même le temps semblait s’être arrêté pour elle. Lorsqu’elle reprit son souffle, il se mit tout contre ses lèvres et lui dit :

– Je t’…

Elise ne l’entendit pas car une vague de plaisir subite le submergea. Seules leurs respirations étaient encore perceptibles. Tout, autour d’eux, avait de nouveaux reflets. Heureuse de l’expérience qu’elle venait de vivre et un peu alanguie aussi, Elise s’endormit. L’homme un peu songeur, éprouva le besoin de se remettre les idées en place. Alors, il prit une douche, s’habilla et sortit de la pièce sans faire de bruit. Il avait laissé sur la table un mot lui disant : « Je reviens ».

Une fois dehors, il prit une profonde inspiration. Il ne comprenait pas ce qu’il venait de vivre.

« Comment arrive-t-elle à faire naître en moi autant d’émotions ? Que m’arrive-t-il ? On a juste profité de l’instant, rien de plus. Non ! On a fait bien plus que ça. Il faut que je lui dise » pensa-t-il.

Il retourna vers elle mais une fois sur place, seul restait sur la table un mot disant : « Merci pour la douceur et la beauté de tes bras. »

« Elle est partie » répétait-il en boucle dans sa tête.

« Je n’aurais pas dû la laisser seule. J’aurais dû rester. Je ne la reverrai plus. »

 

 Chris LA – Auteur Guyanais

 

Chris LA

Je suis un auteur qui s'inspire du vivant pour écrire sur le merveilleux. Que cela soit triste ou heureux, l'important étant de choisir ce qui à un instant donné nous fait vibrer. Vous l'aurez compris, j'aime la nature, rire et me détendre...

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